Par Chandler Stevens
– Fondateur de
The Ecosomatics Institute
Se reconnecter au corps crée souvent des problèmes pour les gens parce qu’elle met au grand jour tout ce que nous pourrions habituellement balayer sous le tapis.
Cela signifie qu’il est beaucoup plus difficile de se détourner des décisions difficiles.
Mais une fois que ces décisions difficiles sont prises, la vie prend une nouvelle ampleur.
À un certain âge, nos corps se sont socialisés. Parce que nous dépendons des personnes qui s’occupent de nous dans notre développement précoce, nous devons nous adapter à ce que nous pensons que les autres veulent, afin de satisfaire nos besoins, d’obtenir leur approbation ou d’éviter d’être blessés.
Cependant, comme vous vous en doutez, la plupart des gens conservent ces habitudes jusqu’à l’âge adulte, qu’elles soient encore bénéfiques ou non – plaire aux gens, jouer un rôle, se replier sur soi, etc.
Ce qui suit risque d’être un peu délicat pour certains lecteurs. Cette sensibilité est en soi instructive. Cependant, je pense qu’il y a beaucoup à gagner en examinant trois thèmes majeurs du développement qui continuent à nous influencer jusqu’à aujourd’hui.
Changer votre relation à l’un d’entre eux peut être un tournant.
Changez les trois, et vous remodèlerez votre vie.
Oralité – Vos apports et votre consommation
« J’en ai ras-le-bol. »
« Je n’arrive pas à digérer ce qu’il s’est passé ».
Ces phrases et d’autres soulignent le fait que, de notre naissance à notre mort, nous sommes des consommateurs. Il n’est pas possible de survivre sans consommer. Qu’il s’agisse de nourriture ou de médias, la plupart des gens absorbent le monde qui les entoure presque à chaque heure du jour.
Et peu de gens se rendent compte à quel point leurs premières expériences de consommation sont formatrices.
Par exemple, sur le plan physique, l’acte de téter fournit le stimulus mécanique nécessaire à l’organisation de la mâchoire et de la courbe du cou. Les problèmes qui se posent à ce niveau se répercutent tout au long de la vie s’ils ne sont pas résolus.
Sur le plan comportemental, on apprend non seulement ce qu’il faut manger et quand il faut le faire, mais aussi comment il faut manger – qu’il s’agisse du club de l’assiette propre, de la course entre frères et sœurs pour manger les restes, de la consommation de choses que l’on trouve répugnantes ou du fait que l’on est entendu que ça faisait grossir.
Aujourd’hui encore, les repas sont riches d’enseignements. Sont-ils précipités ? Sur le pouce ? Distraits ? Inhalés ?
Et qu’en est-il de votre régime d’information ? Vous arrive-t-il d’écouter des podcasts en accéléré, en essayant d’engranger un maximum d’informations en un minimum de temps ? Y a-t-il des livres que vous gardez précieusement au cas où vous vous ennuieriez ? Vous abreuvez-vous des titres des journaux télévisés ?
Encore et encore, je constate que lorsque j’encourage mes clients à faire preuve de discernement dans leur consommation, ils ont plus de temps libre, plus de tranquillité d’esprit et plus de créativité qu’ils n’en ont eu depuis longtemps.
Analité – Vos résultats, vos déchets et votre travail
« Je n’ai que des merdes en ce moment. »
« J’ai tellement de merdes à dégager. »
Ou, dans le cas d’une indécision, « A un moment, il faut se sortir les doigts du c*l ».
Cela peut paraître étrange, je sais, mais si l’on considère que l’apprentissage de la propreté est la première expérience d’un enfant en matière de performance (approbation basée sur la production), on a une idée précise de ce qui motive l’obsession du travail chez les gens. Ou encore, considérez le perfectionnisme comme une constipation et vous vous interrogerez sur la tendance commune à freiner le travail créatif. Combien de personnes s’efforcent de se surpasser en fonction d’une norme de performance externe ?
Nous pouvons également considérer ce phénomène comme le revers de la médaille de notre consommation.
Que fait-on de nos déchets ? On rapporte que nous gaspillons environ 30 à 40 % de nos réserves alimentaires. Les déchets sont emportés, loin des yeux, loin du cœur. Et aucun d’entre nous ne souhaite revenir à l’époque des pots de chambre et des toilettes extérieures.
Mais tous nos déchets vont quelque part.
Et si nous ne sommes pas prêts à considérer l’effet net de nos actions sur le monde qui nous entoure, ce n’est qu’une question de temps avant que nous ne nous retrouvions dans une situation vraiment merdique.
La génitalité – votre plaisir et votre connexion
À un moment donné de notre développement, le corps a été divisé en parties qualifiées de « privées ». Et quel conflit ! Ces endroits qui bien souvent apportent une sensation de bien-être sont également jugés inappropriés, ne doivent pas être vus et souvent ne doivent pas être touchés.
Qu’est-ce que cela dit de notre relation conflictuelle avec le plaisir ?
Dans une société aussi dépourvue de satisfaction authentique, faut-il s’étonner que les addictions sévissent ? Lorsque nous avons été entraînés (ou médicamentés) à rester assis 8 heures par jour, même si notre corps n’en peut plus, sommes-nous surpris de constater que la vie semble perdre sa saveur ?
Je n’encourage pas l’hédonisme à outrance, mais le système opioïde endogène du corps est intimement lié à la motivation. Nous recherchons ce qui nous fait du bien et évitons ce qui nous fait du mal.
Lorsque nous sommes déconnectés du plaisir, nous sommes déconnectés de la motivation et de l’objectif. Cela ne veut pas dire que ce qui est agréable est identique à ce qui a du sens, ni que ce qui a du sens est toujours agréable. Cependant, lorsque nous sommes incapables de discerner ce qui nous apporte du plaisir (les choses que nous préférons par rapport à celles que nous ne préférons pas), nous n’avons pas de boussole interne. Nous sommes à la dérive, sans moyens d’identifier et de nous orienter vers ce que nous désirons le plus.
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Votre corps est une boussole.
Apprendre à identifier ses signaux et ses réponses ne résout pas tous les problèmes, mais c’est un outil précieux pour vous aider à comprendre un monde complexe – et la place que vous y occupez. C’est un processus qui peut être déroutant, exaspérant, accablant ou anxiogène, mais c’est aussi le moyen le plus sûr de faire l’expérience de la vitalité qui est à la portée de chacun d’entre nous.
À bientôt,
Chandler
–Traduit de l’anglais par Camille R.
Formé en tant que thérapeute corporel et Doula de fin de vie, ainsi qu’à la pensée systémique et à l’éducation somatique. (Et aussi ancien chercheur dans la protection de l’environnement). Chandler Stevens développe actuellement une approche « du bas vers le haut » du développement psychologique par le mouvement et la conscience corporelle en psychologie clinique.
Expert dans l’exploration des liens entre le corps, l’esprit et l’environnement dans lequel nous évoluons. Plus d’infos ici.
1 Comment
Je ne pouvais pas résister à l’envie de commenter 🙂