Je réfléchissais à une manière de définir l’embodiment et puis j’ai pensé : qui de mieux que celui que l’on surnomme « Mister Embodiment » pour en parler ? Mark Walsh est coach en embodiment, il a plus de 25 ans d’expérience (au travers de différent support, arts martiaux, danse, méditation…) et a enseigné dans plus de 40 pays. Ayant lui-même eu un parcours atypique, alcoolisme, addiction, trauma, son approche est profondément concrète et humaine, pas de « bullshit » avec lui!
Voici donc un extrait du livre Embodiment, Moving Beyond Mindfulness, dans lequel l’auteur, Mark Walsh, nous explique ce qu’est l’embodiment :
« Bienvenue dans la douce révolution du retour au corps.
C’est tout ce qu’est l’ « embodiment » : revenir à notre humanité – et c’est énorme […].
Voilà pourquoi ce terme est en vogue en ce moment : les temps l’exigent.
– En période de chaos, le corps est un ancrage.
– En période de méfiance et de « post-vérité », le corps est une source de sagesse.
– En période de déconnexion, le corps est le point de départ de la reconnexion. D’abord à nous-mêmes, puis, à travers cela, à ce qui a du sens pour nous, puis aux autres, et de façon vitale, à la planète. […]
De nombreuses tragédies du monde moderne sont le résultat d’une sorte d’anesthésie, à nous même, au monde extérieur et c’est cette même anesthésie qui nous aide à supporter ces tragédies . Nous nous rendons insensible à la douleur, mais ce faisant, nous nous privons aussi du plaisir, ainsi que de notre boussole éthique interne. Nous nous oublions nous-mêmes pour oublier le monde et, ce faisant, nous nous coupons de ce qui pourrait nous pousser à le rendre meilleur […]
Une définition expérimentale de ce qu’est l’embodiment
Prêtez attention à votre bras. Considérez-le comme un objet, une chose, pas comme faisant partie de vous. Touchez-le comme vous le feriez avec un objet inanimé. Remarquez ce que ça vous fait.
A présent, entrez en relation avec votre bras. Considérez-le comme faisant partie de vous. Ressentez. Bougez. Rappelez-vous peut-être comment ce bras a fait partie de vos combats et de vos amours, a tenu des bébés, préparé des repas, lavé des vêtements, créé des œuvres d’art et fait partie de votre vie. Ressentez et bougez. Remarquez ce que ça vous fait. C’est ça l’embodiment.
Quelques brèves définitions de l’embodiment
- Notre manière d’être
- L’aspect subjectif du corps
- Une approche ontologique du corps
- Le corps en tant que « je » (sujet) et non « il » (objet)
- Un type d’intelligence
- Une vision du corps comme étant plus que de la viande, plus qu’une chose et plus qu’un simple « taxi cérébral »
- Le terme générique pour les disciplines corps-esprit telles que les arts martiaux, le yoga, le travail corporel, l’improvisation et la danse consciente
- Le corps comme un verbe et non comme un nom
- Être pleinement vivant et tout simplement humain
- La magie de l’ordinaire
- L’art de rentrer à la maison
- Pas ce que vous pensez !
LA DIFFÉRENCE ENTRE LE CORPS, LA MINDFULNESS ET L’EMBODIMENT
Toute discipline potentiellement somatique, comme le yoga par exemple, peut être pratiquée de trois manières :
– En tant qu’exercice (le corps mécanique)
– En tant que pratique de conscience du corps (être conscient d’un corps – mindfulness)
– En tant que pratique de conscience de soi et de développement (être conscient en tant que corps- l’embodiment) […]
« Votre » corps ?
Comment voyez-vous le corps ? Une chose généralement ignorée ? Ou est-ce « votre » corps (comme le langage le suggère), comme si vous étiez le contrôleur d’une marionnette ?
Nous avons bon nombre de raisons de considérer le corps de cette façon, mais il y a un prix à payer : une mauvaise santé, un manque d’intelligence émotionnelle, des problèmes relationnels, un manque d’accès à l’intuition ou à la petite voix intérieure, et le fait de ne pas se sentir pleinement vivant. Mon Dieu, que c’est tentant. Moi non plus, je n’ai pas envie de ressentir la douleur, mais être coupé de soi-même est une mort lente.
Dans tous les cas, nous sommes tous « inconsciemment incarnés », de sorte que le corps est impliqué dans tout ce que nous faisons, quoi qu’il arrive. Il a un impact sur la perception, la cognition, l’humeur, les relations et, en fin de compte, sur la vie que nous menons ou non.
En ce sens, nous pouvons être à moitié morts à partir du cou, mais pas complètement désincarnés.
Nous pouvons développer la conscience du corps en tant qu’aptitude à la pleine conscience. Dans ce cas, nous sommes conscients du corps. Mais le corps n’est toujours pas « nous » pour autant. Il est extérieur à nous-mêmes, mais au moins, nous sommes en communication avec lui. Le corps est « utile », et une certaine santé et intelligence corporelle reviennent.
Ensuite, nous pouvons devenir pleinement conscients de notre corps. Nous sommes conscients de nous-mêmes en tant que corps ; le « comment » de notre être apparaît au grand jour, et la notion de choix redevient possible.
C’est l’embodiment : la prise de conscience que nous ne sommes pas séparés du corps que nous pouvons sentir. C’est une approche phénoménologique et ontologique du corps (si vous aimez les mots longs). Autrement dit, c’est être pleinement vivant. […]
Le mindset est en réalité le bodyset
Le corps est notre mécanisme de perception, d’action, d’émotion, de relation… C’est aussi notre moyen le plus direct de changer ces aspects. « Changez d’avis », c’est abstrait. « Se tenir ou bouger différemment », c’est plus concret et donc réalisable.
« Nous nous déplaçons dans l’espace comme nous nous déplaçons dans la vie », dit Stuart Heller, professeur d’embodiment, et le prolongement de cela est que nous pouvons changer notre vie par la façon dont nous nous déplaçons, en faisant du mindset (état d’esprit) un véritable bodyset (état corporel). […] «
Traduit de l’anglais par Camille R.
C’est le but pour moi avec ces partages, explorer différentes manières de revenir à soi, ré-intégrer son corps et sa sagesse en douceur –